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WONDER MOTHER ENCEINTE

18 Mai 2016

Vous êtes enceinte ? Ou en tous cas, vous l’avez été. On a à peu près tout écrit sur cette incroyable période de la vie qu’est la grossesse, et je ne vous ferai ni l’affront ni l’ennui de vous expliquer en long en large et en travers en quoi ces 9 mois sont particulièrement héroïques et donc “wonder-motheresques”, tant c’est une évidence.

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En revanche, j’aimerais souligner une manie étrange qu’ont toutes les mères autour de vous dès lors que vous annoncez votre état. Non, pas celle de vous narrer par le menu toute leur grossesse à elle, accouchement et épisio compris, alors que vous n’aviez rien demandé et que vous êtes en train de déjeuner (beurk). Je voudrais uniquement me concentrer sur ce petit mot étrange que toutes ou presque vous murmurent d’un air transi : “PROFITE…”.

“Profite”. Vous en restez interloquée. Profiter de quoi, précisément… ? Des nausées soi-disant matinales qui vous rendent incapable d’avaler quoique ce soit du matin au soir, pendant 5 mois (oui, vous n’avez pas de bol) ? Profiter des kilos qui malgré les dites nausées s’accumulent sur vos hanches, vos cuisses et vos bras (aucun intérêt) avec une joyeuse régularité ? Profiter des mignonnes fringues qui ne vous vont plus, du sport qui devient compliqué, des packs d’eau intransportables, des examens gynécologiques intrusifs toutes les 5 minutes ? Profiter de ne plus pouvoir boire une seule goutte de champagne, d’oublier les sushis, de laver la salade comme si elle était radio-active, et de sur-cuire la viande au cas où un monstre psychopathe se cacherait dedans ? Profiter de la terreur qui vous assaille dès que bébé ne bouge plus pendant 7 secondes ? Profiter de la peur panique à l’idée d’accoucher trop tôt / trop tard / en siège / sans péri / à l’envers / sans les mains ? Profiter de ne plus dormir, de ne plus bosser, de ne plus bouger, de ne plus danser, de ne plus… Non, vraiment, cela resterait l’un des principaux mystères de la grossesse, ce fameux “Profite” susurré par vos copines, collègues et inconnues bien intentionnées, avec une larmichette à l’œil.

Puis, vous avez accouché. Vous avez pouponné. Vous avez vu votre petit bouchon grandir. Et vous avez compris.

Vous avez compris qu’à la prochaine grossesse, s’il y en avait une, vous profiteriez, oui, et à fond. Vous profiteriez de cette magie hallucinante de ne jamais être seule. De savoir, avant même de le sentir, qu’un petit bout de chou vivant se construisait un nid tout au fond de vous. Profiter de voir votre corps changer, se développer, se magnifier, se surpasser pour fabriquer une personne. Profiter de cette poitrine magnifique qui est momentanément la vôtre. Profiter de ces petits coups mignons qui disent bonjour, et de cette bosse à côté de votre nombril qui ressemble bien à un pied minuscule. Profiter d’être précieuse, différente, divine, ancestrale, animale, presque magique, et de voir le regard des autres s’emplir d’un respect teinté de nostalgie sur votre gros bidon. Profiter de ces moments de solitude à deux, de ces caresses à travers la peau, de ces battements de cœur émouvants dans l’écran de l’échographe. Profiter de préparer sa chambre, votre valise, des habits adorables. Profiter de lui, encore mystérieux, inconnu, mais déjà vôtre, tellement. Profiter de cette parenthèse géniale et incomparable. Et, plus pragmatiquement, profiter du silence, de la tranquillité, du repos, de la vie de couple, de l’aîné, avant que tout ne soit tourneboulé. Profiter aussi des sièges dans le bus (que vous demandez, au cas où l’on ne vous les proposerait pas), de ne plus faire la queue nulle part, d’avoir tous les droits partout, bref, d’être une reine, une vraie, pendant quelques mois. Avec le plus précieux des royaumes à l’intérieur de vous.

Alors oui, vous aussi, depuis, quand une copine vous annonce sa grossesse, vous lui sortez, les yeux mouillés, la voix faiblarde, un bon vieux “PROFITE” énamouré. Et tant pis si elle lève les yeux au ciel, tant pis si elle vous maudit ou vous prend pour une folle, vous savez bien qu’un jour, c’est elle qui le ressortira à quelqu’un, comme un flambeau maternel passant de main en main.

Allez, profitez bien !